jeudi 30 août 2012





Convives en cours... 
Auteur Luc Tartar Mise en scène Gil Bourasseau Scénographie Goury Lumières Chloé Bouju Costumes Elysabeth de Sauverzac Univers sonore Jean-Noël Yven 
Distribution Cécile Tournesol, Rosa Matthis (funambule), Eric Chantelauze, Sylvain Levitte et Sacha Petroniévic
Administration Benoît Szakow, Développement Sandrine Brunet, Régie générale Chloé Bouju, Régisseur Thomas Khomiakof

Synopsis
1914-2014 Un champ de bataille, devenu lieu du souvenir, et des galeries de mine désaffectées dans lesquelles errent des fantômes. Ces lieux de mémoire sont entretenus par Rose. Ici le temps s'est arrêté, à peine troublé par ces disparus qu'on appelle Antonin, William ou Bert, et dont les corps remontent du passé, laissant apparaître à fleur de terre une blague à tabac, une veste ensanglantée ou un mouchoir en dentelle... Un mouchoir... Voilà qui ramène Rose cinquante ans en arrière, au moment où le soldat Gus est fusillé sur ordre de l’état-major pour avoir reculé devant l’ennemi. Chut ! Les morts nous parlent. Qu’est-ce qu’ils ont à nous dire ?

Opinions
« Pas de déchaînement, de cri, d’atrocité, pas d’analyse crue de la violence humaine. MUTIN ! ne fait pas dans l’écorché ni dans l’héroïsme. La pièce met en scène avec grâce et délicatesse, les victimes du grand carnage. » Aux Nouvelles Ecritures Théâtrales.
« Le passé tragique des tranchées de la grande guerre. Un texte magnifique d’où jaillissent dérision, humour et fatalité. Un texte contemporain à découvrir sans tarder. » La République du Centre, Cyril Vailly.

Création
1er trimestre 2014
Production L’art mobile
Partenaires déclarés La Comédie de Picardie Amiens, Laon, Culture Commune Loos-en-Gohelle, La Comédie de Béthune, Festival Villeneuve-en-Scène, Le pôle des arts nomades de Brétigny, Arcueil, Fosses, La maison des métallos (sous réserve).
Nous cherchons des partenaires.

Ligne de front
Création : premier trimestre 2014.
Nous élaborons un itinéraire traversant les villes et villages du Nord-Pas-de-Calais, de la Picardie, de la Champagne-Ardenne, de l’Alsace-Loraine et de la Franche-Comté.
Nous jouerons dans des Théâtres identifiés ainsi que dans des lieux non dédiés grâce à notre THEATRE PORTATIF.
Cet itinéraire “ligne de front” partira de Calais pour arriver à Belfort.
Les médiations en amont des représentations porteront une attention particulière aux publics adolescents et jeunes adultes.




Ecrire la guerre par Luc Tartar
9-12 avril 1917. L’armée canadienne affronte l’armée allemande et s’empare de la crête de Vimy, dans le Pas-de-Calais. Plus de 5000 morts. Et un paysage à jamais bouleversé.
A Vimy, j’ai culbuté mon enfance.
1973. J’ai dix ans. J’habite à une quinzaine de kilomètres. Comme tous les loupiots des environs,  je dévale les cratères et joue au soldat dans les tranchées reconstituées, sous l’œil du monument canadien et dans l’ombre des chevalets, ces vigies ouvrières. Le Nord est une terre de contrastes. Et ici, la guerre regarde la mine. Est-ce que nous sommes conscients de ce qui a meurtri les lieux, nous les enfants, lorsque nous nous jetons en riant dans ces gigantesques trous d’obus ? Je me souviens de nos rires. Et aussi de cette charge émotionnelle qui pesait sur nos épaules, douleur diffuse que nous ne savions pas nommer et qui pourtant nous rendait graves, nous attachant malgré nous au paysage et à son histoire.
A Vimy j’ai connu ma douleur. Elle ne m’a plus quitté. C’est un aiguillon qui me fouaille le corps et qui, peut-être, me fait prendre la plume. Tremper ses doigts dans l’encre pour tromper la terre des tranchées qui s’insinue sous les ongles ? Qui sait…
1914… 2014… Si j’écris la guerre aujourd’hui ce n’est pas seulement pour le devoir de mémoire, même si je sais que grandir et vivre dans ce monde en guerre nous oblige. Si j’ai écrit MUTIN !, c’est aussi pour m’arracher au sol natal, questionner les notions de Patrie, de responsabilité individuelle et collective, de courage, de sacrifice, de liberté et d’ennemi. Et surtout, pour tenter de répondre à cette question obsédante : Moi, qu’est-ce que j’aurais fait ?
Serais-je monté à l’assaut ? Aurais-je tiré dans ma main, pissé dans mon froc ?
Questions sans réponses…
Heureusement il y a le théâtre. Depuis deux ans, un compagnonnage s’amorce avec Gil Bourasseau et L’art mobile. Je partage leur passion d’un théâtre exigeant et populaire, leur goût des créations qui sont aussi des engagements et des aventures humaines. Parce qu’il nous rassemble et nous ramène au Sacré, le théâtre nous permet de faire face à la mort, de supporter les questions sans réponses, tous les Pourquoi du monde.
L’art mobile va créer MUTIN ! et cela me réjouit. Pour les générations d’hier, pour celles d’aujourd’hui.




Intention par Gil Bourasseau
La pièce de Luc s’inscrit organiquement dans la lignée du travail accompli. Elle prend par la main le public pour le plonger dans un temps suspendu suintant l’absurdité des hécatombes, la peur, mais aussi l’éclatant besoin de vie. Elle parle d’amour, de fraternité, de mémoire, de secret, de morts qui se causent du fond de leurs catacombes et qui, de temps en temps, sont expulsés à la surface.
Elle nous aspire vers le passé, dans une spirale vertigineuse. Ici, c’est la mémoire qui compte, qui gouverne les émotions traumatiques du récit, qui le fait avancer. Luc traque interminablement la reconstruction aléatoire du passé : de sa densité, son opacité, son ambiguïté fondamentale...
Puis l’aube vient… et avec elle la clarté diffuse d’une paix annoncée. Mais l’histoire mutile les corps et fige les mémoires. En eux, la guerre restera vivante. Les blessures de l’âme sont immortelles.

Notes
Les tranchées, la mine, un parquet de bal, et l’envie de prendre l’air, de sortir du trou, de s’élever.
Dire ce qui ne peut pas être dit avec des mots, ou plutôt ce qui ce dit par delà les mots, ce qu’ils écrivent les pieds dans la boue, leurs lettres débordantes d’humanité.
Poser en déséquilibre une manière de regard bienveillant autant qu’abasourdi sur toute cette misère,
Ils étaient usés à quinze ans, Ils finissaient en débutant,
les vies sacrifiées,
Si par malheur ils survivaient
C´était pour partir à la guerre,
l’absurdité des tueries,
C´était pour finir à la guerre.
Ecrire en l’air, donc.
Mettre en scène en haut et en bas.
Avec Rosa Matthis, créatrice de ses propres espaces, poétesse du vide.
Elle et eux, les comédiens, pour créer ensemble.
« Sur la scène les acteurs parlent de la vie et imitent la mort. Vous devez résoudre leurs problèmes dans votre vie. Souvenez vous qu'ils donnent à voir les morts à venir. » Edward Bond